vendredi 29 mars 2013

Shikoku jour 4 : de rivière à refuge

D'une voix feutrée, Masahiko me réveille. La veille, il a convenu de venir me porter à Oboke, à une trentaine de minute à l'ouest, pour la poursuite de mon périple. Il me lève plus tard que prévu, mais ne semble pas pressé pour autant, malgré la journée de travail qui l'attend. Le stress n'est pas ressenti aussi intensément en région rurale.

Tandis que je fais mes bagages, Masahiko prépare du café et s'installe sur le balcon de la maison qu'il loue, trop grande pour une seule personne. Ma tâche achevée, je vais le rejoindre. M'accueillent une tasse de café et surtout une vue saisissante de la rivière Iya, impossible à deviner hier, arrivés que nous sommes en soirée.


Nous nous mettons en route. Masahiko me décrit son passé de salaryman à Tokyo, à s'avillir dans une tour à bureaux, jusqu'à ce qu'un moment d'introspection l'ait inspiré à prendre un nouveau tournant. Je l'indique que nous nous rejoignons sur ce point, un moment de clarté au cours d'une soirée d'été dans le Vieux-Québec m'ayant inspiré à écrire.

Nous arrêtons à Mannaka, un restaurant d'Oboke dont le nom signifie littéralement en plein milieu (de l'île de Shikoku). L'arrivée arrive à point nommé. J'ai un début de haut-le-coeur, car route sinueuse et ventre vide ne font pas bon ménage.

J'invite Masahiko à déjeuner. À la table, le propriétaire du restaurant, monsieur Ohira, vient nous voir, et nous remet chacun une bouteille d'eau, tirant sa source du mont Tsurugi, d'où je suis parti, la veille. Viennent ensuite des petits biscuits. Lorsqu'il apprend que je compte me rendre vers le mont Ishizuchi comme prochaine étape du voyage, il s'empresse de me trouver un conducteur.

En moins de deux, il m'en présente un, prêt à partir sur-le-champ. Je lui présente mes excuses en lui expliquant que je comptais rester sur place un peu après le départ de Masahiko pour régler quelques détails.



J'accompagne Masahiko jusqu'à sa camionnette. Nous nous souhaitons bonne continuation, je le remercie pour son hospitalité irréprochable.

Je regagne ma place dans le restaurant. Le propriétaire m'apporte un café, sa tournée. J'ai le temps de redonner une beauté à mes bottes et de finir l'entrée de blogue sur le jour 3 de mon voyage, puis monsieur Ohira vient me voir et m'explique qu'un distributeur de thé est disposé à m'emmener jusqu'à la route menant à Ishizushi. Me voilà en voiture sans effort, c'est presque trop facile!

Monsieur Wada est sympa. Le parcours est terminé en moins de deux, du moins c'est mon impression, et je suis en bordure de route, les caractères d'Ishizushi écrits lisiblement sur le cahier spiralé que j'exhibe aux automobilistes.



Une mère transportant sa mère et son fils me cueille. Aller à Ishizuchi ne faisait pas partie de leurs plans de la journée, mais ils sont disposés à m'y emmener. Le parcours me semble allongé par la voix de la grand-mère, stridente. On me dépose au pied de la remontée permettant de gagner le pied de la montagne, à 1300 mètres, pour un dénivellé de presque 700 mètres jusqu'au sommet.



Je m'informe au personel sur place. Un refuge se trouve à une trentaine de minutes du sommet, lequel est accessible en trois heures depuis le haut de la remontée. Il est 14h30. Je décide d'aller y passer la nuit, puis d'atteindre le sommet tôt le lendemain. Au bout d'une heure à faire le plein de calories et à départager mes affaires entre celles à laisser dans un casier et celles à emporter, je me lance, armé d'un bâton de marche prêté par l'employé sur place.


Si en général je parviens aux points de repère plus vite qu'annoncé, cette fois il me faut bel et bien deux heures trente avant de pouvoir déposer mon sac. L'obscurité est sur le point d'envelopper le paysage, alors j'en profite pour prendre quelques photos, avant de me terrer dans le refuge pour la nuit.



J'y trouve un thermomètre fonctionnel, qui indique cinq degrés. Les précautions seront de mise. Je remarque aussi que la porte se verrouille, et c'est avec porte verrouillée que je compte dormir même si je ne suis pas superstitieux et que j'estime qu'il est pratiquement impossible qu'on me surprenne au beau milieu de la nuit. Mais ne sait-on jamais.



Je mange copieusement, prépare mon départ du lendemain, prends quelques photos de la nuit éclairée de la pleine lune ou presque, puis m'emmitoufle dans mon sac de couchage. Il est à peine vingt-deux heures, le réveil est réglé demain à cinq heures, aujourd'hui c'est mon anniversaire, j'ai vingt-neuf ans. Vive la vie!




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