mercredi 27 mars 2013

Shikoku jour 3 : de pluie à Chiiori



Dans la chambre où je passe la nuit, le réveil sonne peu après les coups de sept heures. Je le désactive et vais tirer le volet de ma fenêtre. Il pleut, surprise.

Je descends à la salle à manger car m'attendent thé et petit-déjeuner. Le segment météo de l'émission du matin laisse présager des averses toute la journée.

Le repas terminé, je retraite à la chambre. J'en émerge plus tard que prévu, le processus d'étanchéisation de ma personne et de mes bagages requérant passablement de temps et de réflexion. Je paie la nuitée, et m'aventure à l'extérieur.

Le pied du mont Tsurugi est aussi déserté aujourd'hui qu'hier. L'aubergiste m'a déjà confirmé que la desserte d'autobus n'allait commencer qu'en avril, mais aucune trace également d'automobilistes. Tout ce que je puis faire, c'est de marcher sur la 438 vers l'ouest, sinueuse et qui descend continuellement.

En dépit de la pluie, la marche est d'emblée plutôt plaisante. Il ne fait pas trop froid, je suis somme toute assez bien équipé, la nature est belle. Dès le départ je fais fuir une perdrix, plus tard au tour d'un chevreuil. 

Au bout d'une heure et demie environ, la pluie tombe avec tout autant de régularité et le plaisir n'est plus tout à fait au rendez-vous. L'eau a fini par s'inflitrer à l'intérieur de mon manteau, le vent s'est levé, mes épaules sont souffrantes. J'ai croisé trois automobilistes en sens inverse, mais aucun dans ma direction.

Soudain, j'entends une voiture qui s'approche, derrière. Je me retourne et brandi le pouce droit. Le chauffeur s'arrête à ma hauteur. Monsieur Matsuura et sa femme sont les aubergistes que j'ai rencontrés hier, qui n'étaient en mesure de m'accueillir car ils en étaient à faire le ménage de printemps avant la grande ouverture d'avril. Ils se rattrapent en me faisant monter à bord.

Non seulement m'emmènent-t-ils jusqu'à leur village, duquel je pourrai prendre le bus de 15h30, mais en attendant, ils ont la gentillesse de m'offrir thé et collation à leur domicile.



Si j'y suis au chaud, je me sens misérable quand vient le temps de remettre mon imperméable détrempé pour aller prendre l'autobus. Il doit me mener à Oboke, conformément à l'objectif vague de progresser vers l'ouest, quoique je n'ai aucune idée de ce que je vais y faire. C'est alors que je me rappelle que des amis m'avaient conseillé de visiter Chiiori, une fondation qui promeut l'héritage culturel de la vallée d'Iya, dans laquelle je venais de pénétrer, en proposant des nuitées dans une maison traditionnelle à toit de chaume. Une amie m'a dit qu'il était possible d'y faire du bénévolat pour gagner une perspective de la vie rurale de la région.

J'en cherche l'emplacement grâce à mon téléphone. Non seulement Chiiori est en plein sur la trajectoire du bus, mais il est à moins de cinq kilomètres! Je me précipite d'aller demander au chauffeur de m'y déposer.

À l'arrêt, un employé de la fondation monte à bord. Il est surpris de mon arrivée. Je lui indique que je suis venu y faire du volontariat. Il me répond que ce n'est plus possible depuis quelques années. Le chauffeur nous semble impatient de poursuivre sa route, alors nous descendons.

Dans le bureau de la fondation, je fais la connaissance de Seiji, venu à ma rencontre dans l'autobus, et Masahiko, son collègue. Nous discutons plusieurs minutes de leur travail, de qui ils sont, de qui je suis, de mon voyage, mais aussi d'un sujet plus brûlant d'actualité, à savoir, que faire de Julien ce soir.


La question se règle d'admirable façon lorsque Masahiko m'invite à dormir chez lui. Ravi, je les remercie de leur bonté, d'autant plus que l'idée de dormir à la belle étoile après une journée passée sous la pluie n'était pas très attrayante.



Seiji me fait visiter la maison de Chiiori, de l'extérieur seulement car un groupe d'Irlandais y loge. La pluie a cessé, de gros nuages survolent en contrebas, et la lumière diffuse de fin d'après-midi confère un voile de mystère au paysage. Je suis trempé mais heureux. Heureux d'une journée de pluie au dénouement irréprochable. Et puisqu'après la pluie, le beau temps, demain s'annonce bien! 





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