jeudi 7 février 2013

Course, balle et amitié

Je sors faire mon jogging hebdomadaire. Il n'est pas treize heures, beaucoup plus tôt que d'habitude. En fait, j'oublie à quand remonte ma dernière course de jour. Il fait soleil, j'ai du temps, je prends mon temps. Aujourd'hui je me rougis le visage.

Partout où j'ai habité depuis que j'ai l'habitude de faire de la course à pied, le même dilemme finit par se forger. Puisque fondamentalement mon logis fait à la fois office de point de départ et de destination de chaque course, et que les environs accessibles à distance de course depuis ce logis ne changent que très lentement, j'en viens à penser que j'ai exploité tous les filons majeurs, que mes courses subséquentes ne sont que variantes de lopins auparavant défrichés. Pas aujourd'hui. En cette belle journée, je découvre de nouveaux recoins.

Tout commence une quinzaine de minutes après le départ. En me dirigeant vers la gare Ikebukuro au nord-ouest, comme je l'ai fait quelques fois par le passé, j'aperçois la tour Sunshine 60 qui est également visible depuis le balcon chez moi. Elle n'est pas qu'une grande tour parmi d'autres. Son ouverture en 1978 a marqué le début de l'ère des gratte-ciels à Tokyo, dont l'activité sismique avait jusqu'alors découragé les édifications en hauteur. Je décide d'aller à la rencontre de cette Sunshine, baignée justement par les rayons du soleil.

Elle est haute. C'est le constat que me transmet mon cou tendu, tandis que la tête en l'air je l'observe sans interrompre ma course. Ce faisant, je manque presque de m'apercevoir le territoire inconnu dans lequel je pénètre pour la première fois.

Ces nouvelles contrées, je les découvre en longeant en sens horaire la Yamanote, ligne circulaire à l'importance cruciale, véritable myocarde de la capitale. Tantôt je dois emprunter une route à l'intérieur du cercle que forme cette ligne, tantôt à l'extérieur. Tokyo étant une conurbation apparemment dépourvue de plan d'urbanisme, parfois je dois également m'éloigner des parages immédiats de la ligne pour y revenir ultérieurement.

Je me rends finalement jusqu'à la station Nishi-Nippori, après quoi je juge qu'il est temps de rentrer. Décision qui n'a pas été prise trop tôt, car peu après, mon genou droit commence à m'envoyer des signaux de douleur à l'intensité croissante. N'ayant généralement mal aux rotules qu'à compter du douzième ou treizième kilomètre, j'en conclus avoir beaucoup couru. La colligation postcourse abonde dans le même sens. Seize point deux kilomètres!

gmap-pedometer.com/?r=5811818

Mais ceci n'est pas une entrée sur le jogging, du moins pas seulement sur le jogging, quoique cette course a été fort plaisante, et que la décrire en lettres en mots en phrases l'est tout autant. Avant même d'en rédiger les premières lignes, je songeais plutôt à relater un achat fortuit, effectué dans une brocante qui s'est mise sur ma route. Je me suis de toute évidence perdu en cours de parcours, mais je compte retrouver le droit chemin au prochain paragraphe.

À l'approche d'Ōtsuka, la première station croisée le long de la Yamanote, une boutique attire mon attention de par les bébelles qu'elle fait miroiter en vitrine. Je décide d'y entrer, peut-être inspiré par le beau temps, car habituellement je n'aime pas briser mon rythme ainsi.

Le magasin ne semble avoir rien d'exceptionnel à proposer jusqu'à ce que mon regard se pose sur des cartes de baseball. Initialement déçu qu'il ne s'agisse pas plutôt de cartes de hockey, scénario qu'on avouera moins plausible, je me rappelle ensuite des Expos. Animé par la pensée de mes amis qui en étaient amateurs, je me mets à passer les cartes au peigne fin. Fort de mes achats, le soir même je mets en ligne la photo et le message d'accompagnement suivants.


Chers amis qui étiez amateurs de balle au stade (je pense notamment à Danny, Jérôme, François, Guillaume), j’ai une surprise pour vous. En fouillant dans une brocante, je suis tombé sur la série Fleer de 1987. Les cartes de presque tous nos Zamours de l’époque s’y trouvaient, mais je ne me suis procuré que celles dont le nom m’était familier. Je propose donc de poster sans frais une de ces cartes à quiconque en veut (pas juste les quatre personnes mentionnées). Je peux même l'autographier si ça vous chante. Il vous suffit d'indiquer comme commentaire le nom du joueur désiré, puis de me transmettre votre adresse en message privé. Premier arrivé, premier servi. À qui la chance?

Moins de vingt quatre-heures plus tard, les quatre compagnons mentionnés, ainsi que Samuel qui a été repêché, se sont manifestés et recevront sous peu la carte de leur choix. Je suis content, et je crois qu'ils le sont, eux aussi. Ainsi se termine cette longue entrée qui nous parle de course, de balle et d'amitié.

Aucun commentaire: