jeudi 10 mai 2012

Le sanglier

Du 1er au 6 mai, j'aide une famille propriétaire d'un sympathique café à la halte routière de Tarumizu, non loin du volcan Sakurajima, en perpétuelle éruption. Ces dates correspondent à la Golden Week, sorte de vacances de la construction mais bien pire parce que tous les Japonais sont en congé.

Essentiellement, à leur kiosque je vends de la glace dite rasée (j'ignore le vrai terme), aux saveurs de fruits. Ils m'offrent un toit sous lequel monter ma tente, me nourrissent et me paient l'onsen le soir venu, tandis que j'exerce mon japonais comme jamais auparavant. Entente mutuellement avantageuse.

Le 5 mai 2012, après un barbecue avec la famille et des invités, je me retrouve fin seul devant les braises faiblissantes ayant servi à cuire le festin. Il est presque minuit, et je décide d'aller explorer l'intérieur des terres, tout en collines. La lune étant presque pleine, je parviens à distinguer la route de terre sans recourir à ma lampe frontale. J'y vois divers champs, quelques maisonnettes, une grande carrière, le tout dans un silence presque total.

Sur le chemin de retour vers ma tente, à ma droite je perçois soudain du bruit provenant d'un masse dense de buissons. Je me dis d'emblée qu'il s'agit probablement d'un singe qui, alerté par ma présence, cherche un peu nerveusement à gagner un lieu plus sûr.

J'ai désormais passé les buissons, or le bruit ne cesse pas. Au contraire, il semble s'intensifier. Je m'éloigne en y gardant un oeil. À une douzaine de mètres, soudain jaillit un animal, qui me charge à toute vitesse!

Je pense initialement qu'il s'agit d'un loup ou d'un chien sauvage, mais je n'ai pas trop le temps de me pencher sur sa nature de bête, car il est déjà presque à ma hauteur, n'ayant aucunement changé de cap. Par instinct de survie, je bondis vers l'arrière en poussant un cri de mort auquel je ne me savais pas capable, puis j'y vais d'un coup de pied qui lui frôle la nuque.

Ce n'est qu'à ce moment que je comprends que j'ai affaire à un cochon sauvage. Surpris j'imagine par mon coup de savate et mon effroi vocal, il continue sa course puis disparaît dans la nuit. Mon coeur bat la chamade, et par précaution je descends la petite colline qui me sépare de la route nationale 220, asphaltée et plus sûre.

Le lendemain, après avoir relaté ma péripétie à Joshi, le frère de la famille, ce dernier m'indique que parfois ces animaux (猪, inoshishi en japonais) tuent les infortunés qui ont la malchance de se trouver sur leur chemin.

Je ne pense pas avoir auparavant fait face à pareille situation. J'estime avoir tout de même bien réagi face à ce porc. L'absence d'égratignure, pour lui et moi, en fait foi. Ça sera un méchoui de sanglier, la prochaine fois.

1 commentaire:

Camusi a dit...

Voila exactement pourquoi il vaut mieux eviter de se balader seul la nuit dans une nature qu'on ne connait pas! Lecon apprise...Ca serait un peu la loose de se faire embrocher par un sanglier juju!!